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Au Crédit Fionnais, vous mettre profond, ça nous connait !

Madame Padsou (née Claquetune) et moi-même nous sommes fait la réflexion suivante : pénétrer l'enceinte d'une agence de banque est une expérience des plus stressantes, surtout quand cette agence gère votre compte bancaire !

J'avais pourtant dû me résoudre à prendre rendez-vous avec mon chargé de clientèle afin de lui exposer notre brillante situation financière et de lui soutirer quelques aménagements de mes remboursements de crédits. Mon plan était le suivant : j'allais d'abord lui arracher quelques larmes en lui contant notre merveilleuse aventure au pays de la dêche, puis, une fois bien mûr, j'allais alors lui demander d'étaler les remboursements des crédits afin de faciliter le passage des vagues à venir.

Mon plan était parfait et j'étais psychologiquement prêt à me rendre dans ce lieu sordide, j'ai donc téléphoné au Crédit Fionnais pour convenir d'un rendez-vous.

47 sonneries dans le vide. C'est long mais c'est normal. Quand on téléphone dans une agence de province, il faut être prêt à patienter. Je vous le fait donc. 47 fois. Et lisez à haute voix le paragraphe suivant !

Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde> Beeeeep <silence d'une seconde>

- Allo oui ?

- Bonjour, suis-je bien au Crédit Fionnais ?

- Oui, c'est pour quoi ?

- Bonjour Madame, Bernard Padsou au téléphone. J'aurais souhaité prendre rendez-vous avec la personne en charge de mon compte, Monsieur Gloupostropovitch... Enfin, je crois que son nom se dit ainsi ...

- Quel est votre numéro de compte, Monsieur ?

- 589 663 1564 F 554 581 987 6 K

- Ah ! Ca n'est plus Monsieur Glopoustrokovitch qui gère votre compte, Monsieur. C'est maintenant notre directeur d'agence, Monsieur Roland Décharge ... C'est à quel sujet ?

(Tiens, mon chargé de compte a encore changé. On dirait qu'au Crédit Fionnais, les chargés de compte sont périmés au bout de 3 mois ... Et dans ma tête résonne maintenant une question stressante : comment peuvent-ils déjà savoir que nous sommes dans la panade pour que mon compte soit passé entre les mains du directeur ?)

- Ben euh ... C'est qu'on n'a p'us d'sous, alors j'aurais voulu le voir pour étaler les remboursements des crédits.

- Venez Mardi à 8h15. Ca vous convient ?

(Et pourquoi pas 04h03 du matin aussi ? Ben enfin ...)

- Oui, c'est parfait !

Mardi matin, 8h15 pêtantes, je pénêtre mon agence en passant l'immense grille en fer forgé.

L'endroit ressemble à la Coupole, mais en rectiligne. C'est probablement l'esprit cartésien et factuel de la banque qui veut cela. L'ambiance est triste, grise, morte. Partout, des gens sont assis et attendent leur tour pour venir pleurer devant leur chargé de compte. La lumière blafarde tombe d'une verrière immense, pendue à 5 ou 6 mêtres du sol. Ici, même des clowns auraient mauvaise mine. C'est la fête, c'est la joie, et moi, j'attends Roland Décharge pour le faire chialer. Je m'assois donc entre deux vieux et je patiente.

- Monsieur Padsou ?

Un homme me tend la main. Il est plutôt grand, sec, et son visage est recouvert d'une barbe coupée court comme s'il était prof. Il me sourit et stupidement, je crois que c'est positif. En bon directeur d'agence, Roland porte un costume complet vert clair que même la lumière fanée de la verrière a réussi à jaunir. Vert-clair-jauni, c'est ça la vraie couleur. Roland à mauvaise mine, mais c'est probablement normal vu le contexte. Son costard de chef tombe mal sur ses épaules de chef. C'est probablement normal aussi. D'un signe, il m'indique de le suivre dans la cage en verre qui lui sert de bureau. Alors je le suis.

Il me montre une chaise, placée comme au coin d'un bureau rond qui n'a pas de coin. Son ordinateur prend toute la place. Tiens, l'ordinateur a mauvaise mine lui aussi !

- Qu'est ce qui vous amène à moi, Monsieur Padsou ?

- Ben euh ... P'us d'sous ... Trop de remboursements ... 3500 francs de crédits, plus la voiture à crédit, plus les impôts, plus tout ça ... Glouglou glouglou gloups ...

- Je comprends ... Et que souhaiteriez-vous de moi ?

- Ben euh ... Un rachat de crédit ... Longue durée ... 5 ans ... Mensualités plus faibles ... On se sentirait mieux, plus à l'aise ... Vous comprenez ?

Roland se redresse alors. Un vent d'énergie vient de le traverser, il se sent fort. Sa tête tristoune remonte en haut de son cou, ses yeux brillent, Roland sent qu'il va pouvoir se comporter en Monsieur-le-directeur-au-Crédit-Fionnais.

- Monsieur Padsou, vous me semblez être un homme prudent et prévoyant. D'après ce que vous m'exposez, vous avez pris conscience du sérieux de la situation et des contraintes qu'il vous faut vous imposer pour passer la vague. Monsieur Padsou, je dois vous dire ...

- Ouiiiii ?

- Qu'adviendrait-il de votre famille s'il vous arrivait quelquechose ?

- Ben euh ... C'est qu'il vient de m'arriver quelquechose quand même ... Le puit à poignon est sec ... Ca suffit, vous ne trouvez pas ?

- Non Monsieur Padsou, vous ne m'avez pas compris. Supposons que vous ayez un très grave accident de voiture, que vous ne puissiez plus travailler ou pire, que vous ne puissiez plus bouger un seul membre ...

(Je commence alors à comprendre que sa mauvaise mine ne vient ni de la lumière, ni de son costard de beauf.)

- Ben ça serait la vraie merde, Monsieur Décharge !

- Et oui ! C'est pour cela qu'il vous faut une assurance pour faire face aux dangers de la vie dangereuse ! Une assurance qui garantirait à vous et à votre famille des revenus en cas de catastrophe catastrophique !

- Euh ... Monsieur Décharge, je n'ai plus de sous, et les dépenses récurrentes, vous savez, en ce moment, on s'en passe ...

- Bien sûr Monsieur Padsou ... Je vois que vous comptez même les euros ... C'est bien, très bien même. Mais s'il vous arrivait quelquechose d'hyper grave, de tragique ...

(Je commence à croire qu'il me veut du mal, celui-là !)

- Je n'ai pas besoin d'une assurance, Monsieur Décharge. Par contre, un étalement des remboursements, ça m'aiderait vraiment !

- Monsieur Padsou, écoutez-moi ... Comme vous me l'avez dit, vous n'avez pas un sou ...

(A priori, 'faut être brillant et perspicace pour avoir un aussi beau poste !)

Il reprend ...

- Vous n'avez pas un sou , et vous me demandez de faire un rachat de crédit. Mais dans votre situation, vous savez, je ne peux pas vous l'accorder moi-même et il me faut en référer à ma hierarchie ...

(Je vois l'enculé pointer son bout puant. Et il n'assume pas, le chien !)

- Si vous preniez cette assurance à seulement 20 euro par mois, vous savez, ça me permettrait d'appuyer votre dossier ! Et vu votre dossier, c'est mieux de l'appuyer ...

(Nous y sommes, le chantage est là, sans dire son nom, et Roland fait le maître chanteur ...)

Je prends la parole ...

- Vous savez Monsieur Décharge, je n'ai pas le choix et j'ai vraiment besoin de ce nouveau crédit. Alors, s'il me faut cramer 20 euro par mois pour l'obtenir, c'est oui, bien que je n'ai pas besoin de votre assurance pour catastrophes catastrophiques ...

- Monsieur Padsou, je vais vous dire ... Le métier de banquier, ça n'est pas seulement pour gérer l'argent des personnes qui z'en'ont'plein ... C'est aussi pour venir en aide à ceux qui, comme vous et votre famille, passent des moments difficiles ... Je vais monter le dossier du crédit et vous passerez le signer demain. Et l'assurance aussi.

- Merci Monsieur Décharge.

(Enculé, tu l'as volé ton merci ! T'as qu'à te le foutre au cul, vautour mangeur de pauvres !)

Il me raccompagne et je quitte cet endroit sordide. Le soleil fait réapparaître le sang sous ma peau, et j'ai bonne mine. Moi. Pas lui.

Le lendemain, Monsieur Décharge m'a aimablement reçu. Il m'a fait signer le contrat d'assurance avant le dossier de crédit. Il a eu raison : les pauvres, ça n'a pas de parole.

Je suis rentré chez moi, j'ai lancé mon traitement de texte pas vraiment préféré.

Deux petites heures séparent la signature du contrat d'assurance et la rédaction d'une lettre de résiliation. Pour dans un an, jour pour jour. 20*12 = 240 euro soit 1574.29 francs. Et je n'ai presque pas une thune ...

Au Crédit Fionnais, ça les connait, et je me suis fait mettre bien profond sans en avoir aucunement envie. Mais j'ai dit oui. Et Roland a déchargé dans mon petit cul bien docile.

Enculé !

Ecrit par Padsou, le Jeudi 16 Octobre 2003, 14:15 dans la rubrique "Tirelire".

Commentaires :

RH
16-10-03 à 15:39

Xcellent

Ca sent le vécu...;o)

 
fgranger
18-10-03 à 13:01

Chapô

Tu n'as plus que 149 pages comme celle-là à écrire et tu fais fortune, le goncourt, le prix de l'académie, les honneurs, la gloire...

En tout cas, tous mes voeux t'accompagnent, même s'ils ne te servent à rien.

PS: Tu as éssayé La Poste ? Tu n'y aurais pas droit à découvert, mais ils ne sont pas cher en frais bancaires.

 
Padsou
19-10-03 à 15:19

Re: Chapô

François, tes voeux nous serons bien plus utiles que tout autre chose : tes voeux, personne ne pourra nous les prélever et nous ne pourrons pas les dépenser :-)

Que tes voeux nous accompagne jusqu'à ce que meurt la Dette !

Merci !


 
fgranger
19-10-03 à 23:58

Re: Re: Chapô

Beau slogan:

"...Jusqu'à ce que meure La Dette !"

 
PetitNavire
20-10-03 à 16:50

Plaisir

Il y a bien d'autres manières de prendre du plaisir anal que de se faire enculer par le Crédit Fionnais... Enfin, tu les attires, c'est ça d'avoir un beau petit cul ;-)